Fantasy

Le Prieuré de l’Oranger – Samantha Shannon

J’avais vu passer beaucoup d’avis positifs sur Le Prieuré de l’Oranger à sa sortie mais je ne m’étais pas plus intéressée que cela au roman sur le moment. Jusqu’à ce que l’année dernière, je tombe sur un post de la maison d’édition De Saxus annonçant la sortie d’une édition collector limitée de Le Prieuré de l’Oranger ainsi que de son préquel. Je ne suis pourtant pas particulièrement adepte des livres reliés, mais j’avoue avoir tout de suite été attirée par les magnifiques visuels de cette édition.
Ce sont en effet des ouvrages impressionnants tant par leur apparence que leur corpulence : de véritables briques ! Ils ont tous les deux composés d’à peu près 1000 pages !

Résumé

Un monde divisé.
Un reinaume sans héritière.
Un ancien ennemi s’éveille.
La maison Berethnet règne sur l’Inys depuis près de mille ans. La reine Sabran IX qui rechigne à se marier doit absolument donner naissance à une héritière pour protéger son reinaume de la destruction, mais des assassins se rapprochent d’elle…
Ead Duryan est une marginale à la cour. Servante de la reine en apparence, elle appartient à une société secrète de mages. Sa mission est de protéger Sabran à tout prix, même si l’usage d’une magie interdite s’impose pour cela.
De l’autre côté de l’Abysse, Tané s’est entraînée toute sa vie pour devenir une dragonnière et chevaucher les plus impressionnantes créatures que le monde ait connues. Elle va cependant devoir faire un choix qui pourrait bouleverser son existence.
Pendant que l’Est et l’Ouest continuent de se diviser un peu plus chaque jour, les sombres forces du chaos s’éveillent d’un long sommeil… Bientôt, l’humanité devra s’unir si elle veut survivre à la plus grande des menaces.

Mon avis

Une narration dense mais limpide

Dès le début de notre lecture, nous comprenons rapidement que l’histoire se situera dans un monde complexe séparé en deux par l’Abysse : l’Est et l’Ouest. Ces deux étendues composant le monde sont elles-mêmes divisées en plusieurs royaumes dotés de leurs propres mœurs et traditions. Celles-ci représentent d’ailleurs la principale source de leurs conflits.
Nous appréhendons cet univers en suivant le parcours de quatre personnages éparpillés dans plusieurs régions de l’Est et de l’Ouest.

J’avoue avoir ressenti une pointe d’appréhension à l’idée de devoir démêler tout ce flot d’information entre les traditions qui déchiraient ces régions, les innombrables lieux cités, ou encore les abondants titres de noblesse qui composaient la monarchie de la maison Berethnet en Inys.
Mais heureusement, elle s’est vite apaisée.
Suivre quatre personnages aux origines distinctes et situés sur des lieux différents permettaient d’appréhender pleinement la principale origine de ces conflits tant du point de vue des « Estriens » que des habitants de l’Ouest. En effet, ce conflit repose sur deux conceptions différentes d’une légende. Celles sur la façon dont le Sans-Nom, principal ennemi de l’humanité, a été vaincu des siècles auparavant.

Entrecouper l’histoire de quatre narrations a pour moi très bien fonctionné. Elles étaient très bien ficelées et nous permettaient de ne pas suivre l’histoire au travers d’un seul point de vue, ce qui se révélera capitale dans ce monde abîmé par la propagation d’idées fausses.
Et alors que chaque personnage évolue dans des contrées éloignées, aussi bien géographiquement que culturellement, on ne peut s’empêcher de ressentir le lien indéniable qui unit leurs destins. Arrive alors le moment décisif (et jouissif !) où l’imminent retour du Sans-Nom force leur chemin à se rejoindre pour le repousser. J’ai trouvé l’entremêlement de ces narrations parfaitement maîtrisé par l’auteure et j’ai pris beaucoup de plaisir à voir concorder le parcours des personnages dans la phase finale du roman !

De la fantasy à l’allure moderne et féministe


Ici, la grande majorité des fonctions importantes sont campées par des personnages féminins
 ; je pense notamment à l’Impératrice dorée, cheffe des pirates, le reinaume d’Inys dont les héritiers sont exclusivement des femmes, les sœurs du Prieuré, ou encore le dragon de Tané qui est une femelle !
C’est vrai qu’il est assez rafraîchissant de voir le pouvoir traditionnellement détenu par des hommes au sein de ce genre revenir aux femmes. J’ai aussi perçu les diverses croyances entourant les circonstances de la défaite du Sans-Nom comme une critique implicite de la vision patriarcale souvent dominante dans notre société. Car non, ce n’est pas Gallian, en parfait chevalier galant, qui a vaincu le Sans-Nom et sauvé la princesse Cleolind de ses griffes, mais bien Cleolind elle-même qui l’a défait de ses propres mains !

Des personnages sous-développés et quelques raccourcis narratifs

Même si j’ai trouvé les narrations incroyablement bien ficelées, j’ai eu du mal à ressentir une réelle affection pour les différents personnages que l’on suit. En fait, j’avais l’impression de ne pas en avoir le temps. Ils me donnaient parfois l’impression d’être des « pièces sur un échiquier » dans le tourbillon des événements, sans jamais avoir l’occasion de prendre du recul et de se remettre en question.
Par exemple, lorsque Truide a partagé son ambition à Ed d’allier l’Est et l’Ouest pour vaincre le Sans-Nom, Ed s’est ouvertement moqué de sa proposition qu’elle jugeait fantaisiste. Ce projet de Truide lui a d’ailleurs coûté la vie. Et plus tard, les événements entraîneront Ed à porter elle-même cet espoir d’alliance entre l’Est et l’Ouest qui sera… très facilement accepté par les royaumes.
J’aurai aimé voir un peu plus d’introspection de la part d’Ed vis-à-vis du traitement et l’isolement qu’a subi Truide pour ses idées finalement pas si insensées.

J’avais aussi l’impression que mon attachement aux personnages principaux, et particulièrement pour Ed, était compromis par certains raccourcis narratifs. Paradoxalement, malgré les nombreux dangers auxquels ils étaient confrontés, je ne les ai jamais réellement ressentis en péril et n’ai pas eu à retenir mon souffle pour eux. On sentait par exemple que l’empoisonnement d’Ed n’était qu’un obstacle éphémère. En fait, j’avais le sentiment que l’auteure utilisait ces dangers pour créer de la tension, sans jamais vraiment aller jusqu’au bout.

En parlant de raccourci, j’ai trouvé personnellement que tout s’est enchaîné trop rapidement et presque trop facilement pour allier les troupes contre le Sans-Nom sur les derniers chapitres. Même la bataille en elle-même, bien qu’épique, aurait pu être rallongée un peu plus selon moi sachant qu’elle constitue tout l’enjeu du roman. 

Et vous, l’avez-vous lu ? Quand avez-vous pensé ?

Auteur

lucie.bompart@hotmail.com

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